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12 février 2011

L’ombre du passé

— « Dans mon récit je serai forcé de glisser rapidement sur une époque où j’aurais tant de plaisir à m’arrêter, si j’avais le pouvoir d’en ressusciter le souvenir. Mais la lumière qui l’animait et qui seule pourrait lui rendre la vie s’est éteinte en moi. Quand je veux retrouver dans mon cœur ce qu’elle y suscitait avec tant de force, peines et bonheur, douces chimères, je frappe en vain un rocher qui offre plus de source vive, le Dieu s’est retiré de moi. Combien différent il m’apparaît aujourd’hui, ce passé ! »

Maurice lit à haute voix. Léa écoute.
Elle n’a pas découvert aujourd’hui le manège de Maurice (il lit en cachette), comme s’il était possible qu’il l’embobinât en dirigeant ses lectures (il croit les devancer), afin de les assembler tel un patchwork, dans un grand tout qui serait ce fameux livre qui n’a pas été encore écrit (mais qui, en quelque sorte, l’est déjà), afin qu’il figurât en figure de proue dans la bibliothèque éponyme.
Maurice lit à haute voix, à douce voix plus précisément. Léa a la grippe. Symptôme parmi d’autres plus pénibles, elle a perdu sa voix.
Si ce n’est elle qui écoute (si elle dort accablée par la fièvre), c’est son ombre.