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11 janvier 2011

Un chapitre à l’avance

— « On se prend de mon affection à ma mémoire ; et d’un defaut naturel, on en faict un defaut de conscience. Il a oublié, dict-on, cette priere ou cette promesse. Il ne se souvient point de ses amys. Il ne s’est point souvenu de dire, ou faire, ou taire cela, pour l’amour de moy. Certes je puis aisémeent oublier, mais de mettre à nonchalloir la charge que mon amy m’a donnée, je ne le fay pas. Qu’on se contente de ma misere, sans en faire une espece de malice, et de la malice autant ennemye de mon humeur. »

Léa revient sur Montaigne, elle le lit et le relit, le même chapitre, pour elle, pour Maurice, pour le garder en mémoire, c’est le moins qu’il propose — avec tact —, pour l’entendre comme il se doit — loin du toute vindicte — à force de le répéter, comme s’il contenait la clef en son sein.

Maurice ne se retient pas d’aller un chapitre au devant, où sa mémoire s’est surpassée.
— « Aussi voyons nous qu’au don d’eloquence les uns ont la facilité et la promptitude, et ce qu’on dict, le boute-hors si aisé, qu’à chaque bout de champ ils sont prests ; les autres plus tardifs ne parlent jamais rien qu’élabouré et premedité. Comme on donne des regles aux dames de prendre les jeux et les exercices du corps, selon l’advantage de ce qu’elles ont de plus beau… »
— Attends-moi Maurice, ne t’emballe pas trop, comme si tu allais tout oublier.